Pour un paquet de Philip Morris bleu.
Il y a quelques années de ça, je cours vers le tabac qui est au coin de ma rue, il est 18 h 54, ma buraliste est pointilleuse sur ses horaires de fermeture.
J’y suis.
Un peu essoufflée, beaucoup distraite.
Un gars en sort tout juste, petit sourire, bonsoir timide, il me tient gentiment la porte.
Je le connais ce mec mais impossible de me souvenir d’où.
J’ai les méninges qui crépitent à cent à l’heure pour y coller un nom mais le doute persiste. Je lui réponds un chaleureux « Bonsoir ! » Il re-sourit plus franchement cette fois ci me confortant dans l’idée que « c’est sûr, je le connais ce mec ! »
Blouson en cuir usé, jean et santiags. Bonne gueule, yeux fatigués et cheveux emmêlés.
J’ai pendant quelques temps, travaillé dans un bar et ce type a l’allure des clients que j’avais pour habitude de servir, l’allure de mes petits piliers de comptoir qui me racontaient leur vie, au fond de la nuit, entre les embruns d’alcool et la fumée des clopes mal écrasées. Clients que j’affectionnais grandement.
Ça m’ennuie de ne pas me rappeler de lui alors je fais comme si, je reprends mon ton de serveuse, mon ton tendrement franchouillard et je me lance :
« -Alors ! Qu’est-ce que tu deviens ?
– Ben écoute, ça va plutôt bien…
– Bon bah super ! A la prochaine alors ! » que je dis en me dirigeant vers la caisse.
Et au moment de demander mon paquet de Philip Morris bleu, devant la moue amusée de la buraliste, tout s’éclaire : ce gars que je croyais si bien connaître, c’était Alain Bashung.
Texte publié en septembre 2013 sur textescourts.fr
Le plastique, c’est fantastique !
20 ans, fille pas perdue, cheveux soyeux, elle a la cuisse douce et légère et le cœur encore bien tendre, encore bien bleu. Elle fleure bon la Soupline, les petites robes soigneusement repassées et elle sait murmurer à l’oreille des loups pour les faire labradors. Espiègle et gourmande, elle dévore des sandwiches beurre et saucisson et finit les pots de confiture en se léchant les doigts. Une meuf parmi tant d’autres, le firmament de la banalité en somme.
Elle a 22 ans et voue un culte sans bornes à Sex and The City. Après la diffusion du désormais inévitable épisode de Charrlotte et son Magic Rabbit, une mini révolution sexuelle se met alors en branlette dans toutes les chaumières de France et de Navarre. Et dans la sienne aussi : on vient de comprendre qu’il est dorénavant possible de se palucher avec classe et raffinement. Ces 4 godiches qui pratiquent sans complexe la masturbation électronique ont grandement contribué à l’évolution électroménagère de la femme moderne qui, jusqu’alors, se limitait à la Centrale Vapeur, le sèche-linge et le Blender à soupe, rien de bien folichon donc et c’est sans aucun doute grâce à elles qu’il est soudain devenu furieusement tendance de se fourrer des petits animaux frétillants dans la chatte.
Elle a 23 ans et se trouve dans une de ces incontournables « soirées coquines » : 15 meufs survoltées, petits fours à gogo, coupettes qu’on sirote pour le fun avec des pailles en forme de chibre et démonstration de jouets sexuels sous les gloussements hystériques d’une assistance follement détendue. Qu’un seul mot d’ordre : o-r-g-a-s-m-e. Hasta la victoria siempre. Il souffle un vent de liberté sous les jupes des filles et les fonds de culottes s’échauffent en crescendo. Et elle aussi revendique son droit à l‘orgasme sans bavure, elle aussi exige son septième ciel « quand je veux, où je veux, comme je veux », elle aussi veut jouir sur commande dans la joie et la bonne humeur : elle adopte donc un de ces petits lapins Parkinson.
Elle a 25 ans et vit de plastique, d’eau fraîche et de lubrifiant à la framboise. Elle est amoureuse de son Lapin Magique et il le lui rend bien.
Elle a 27 ans et hier soir, elle a (re) niqué avec une vraie bite ! Elle a d’abord dû se taper 2 Martini rouge, un resto et 3 heures de pénible blablatage pour à peine 16 minutes de baise foireuse. Alors que les préliminaires étaient bien engagés, le voyant s’empêtrer à trouver son point G –il n’y était pas du tout ce pauvre bougre– elle a jugé bon de gentiment l’avertir : « Traîne pas trop s‘il te plait, je dois me lever tôt demain. » et ça l’a fait débander aussi sec à l’autre. Qu’est-ce que ça peut être con une vraie bite. Et susceptible ! « C’est notre première fois, je ne suis pas une machine de guerre, tu dois me laisser un peu de temps » qu’il a dit. Elle a préféré s’éclipser en douce avant qu’il ne se lance dans de grandes explications « Psycho magazine » pour justifier sa pitoyable panne. Elle n’a pas que ça à foutre non plus hein.
Elle a 28 ans et elle vient d’acquérir le Black Warrior Penis, 28 cm et 250 volts de bonheur violent ; il lui permet d’atteindre 2 orgasmes en moins de 4 minutes 20. Elle est une femme comblée.
Elle a 30 ans et des putes de poussières et a encore fait un cauchemar. Réveil en sursaut au fond de la nuit, la peur flanquée au creux du ventre. A la télé qui tourne en continu, Frigide Barjot s’agite, crie des mots qu’elle ne comprend pas mais qui n’ont vraiment rien de bien réconfortant. Elle réalise à quel point son lit est trop grand, son lit est glacial, elle connaît si bien sa vie aseptisée comme un bloc opératoire, ses amours tellement propres et sans débordement, ses orgasmes semi artificiels. Elle a oublié le goût du foutre, de la sueur, les râles, les peaux qui collent et les mains sur ses hanches mais elle gère bordel, c’est la boss et elle maîtrise sans défaillance son existence dans ses moindres détails. C’est une femme libérée, tu vois, une femme émancipée, indépendante et elle n’a besoin de personne.
Mais bon dieu qu’il fait froid, qui a éteint ce foutu chauffage ?
On dirait bien que c’est l’ennui qu’elle entend bourdonner.
Il lui manque quelque chose, comment remplir ce putain de vide ?
Demain, elle demandera à son Magic Rabbit qu’il lui fasse un bébé, tiens.
@LilasGoldo
Ces mecs dont toutes les filles tombent amoureuses.
Suite au joli papier d’Octave_perry « Ces filles dont les garçons tombent amoureux » , on nous a réclamé à cor et à cri ( « Et la parité, bordel ?! » ) son équivalent masculin.
Belle poire – quand c’est demandé très gentiment – je m’y colle de bonne grâce.
A bien y réfléchir, il existe des gars dont toutes les filles tombent amoureuses (GTA). Ah non pas GTA, ça l’fait pas, ça l’fait pas du tout. Le truc qui me dessèche en deux secondes chrono. On recommence :
A bien y réfléchir, il existe des mecs dont toutes les filles tombent amoureuses (MTA). C’est une espèce (trop) rare et bien sûr souvent prise. Quand parfois, par miracle, on a la chance d’en choper un, on prie alors notre dieu qui n’existe pas pour qu’il reste le plus longtemps possible entre nos cuisses au bras de notre âme fragile. Et bien évidemment, on finit malheureuses, à pleurer haut et fort ce mec si génial qui s’est lassé de notre hystérie permanente, partant se réfugier dans l’amour ronronnant d’une connasse à gros seins. Alors on retourne inexorablement vers ces autres garçons que l’on aime un peu moins mais qui ont l’avantage du nombre et de la disponibilité. Et on aimerait leur faire comprendre que se faire larguer systématiquement au bout de 3 mois n’est pas une fatalité puisqu’au fond c’est pas bien compliqué de devenir un MTA. Description.
Le MTA n’est pas forcément beau, il a surtout une attitude.
Halte tout de suite à l’hypocrisie ! Je ne vais pas nous parler de beauté intérieure, de ce garçon immonde mais néanmoins si brave, non non, je veux juste évoquer les cas d’un contenu qui peut faire irradier son contenant, d’un charisme qui peut joliment déborder sur un nez cabossé, d’une personnalité tant séduisante qu’elle en redresse (trompeusement) votre scoliose. Ce qui vous remplit, vous et votre bedaine naissante, ce qui vous anime, ce que vous êtes au plus profond de vous, voilà ce qui façonne une attitude. Et cela nous intéresse. Plutôt fortement. Un peu de désinvolture, beaucoup de passion et de sincérité. Mauvais garçon au cœur tendre, musicos écorché, intello enthousiaste, peu importe au final le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Et un beau minet creux, c’est comme une bouteille de Moët & Chandon vide ; ça pétille pas, c’est triste et on s’ennuie.
Soyons cash pour conclure, la clef de voûte d’une attitude réussie, c’est la confiance en soi.
Le MTA a l’humour décapant ET parcimonieux.
Parce que bien sûr, on aime quand vous nous faîtes rire, on adore les apartés sarcastiques que vous pouvez nous glisser au creux de l’oreille au milieu d’une foule mondaine – apartés qui nous donnent l’impression d’une complicité toute singulière – mais il faut que vous sachiez user de cet humour avec modération. A la quantité, privilégiez toujours la qualité, la pertinence. « Femme qui rit, à moitié dans ton lit » certes mais femme excédé par ta potacherie envahissante choisira plutôt le lit de ta chambre d’amis. Le mec qui passe sa vie à rire de tout excessivement, incapable d’un instant de sérieux, c’est pénible, très pénible à la longue. Le gars qui abuse d’un cynisme exacerbé ou de blagues relous cache bien souvent un ego altéré non compatible avec la fameuse « attitude » décrite plus haut.
Le MTA est rassurant.
Inutile d’être gaulé comme une armoire normande pour exsuder des effluves sécurisants. Du MTA émane une force tranquille naturelle. Ses gestes sont fluides, sa voix posée, son allure tranquillement déliée. Il sait trouver les mots réconfortants lorsque l’on est en proie à la panique, au stress ou à la peur. Il sait désamorcer une situation tendue avec humour ou finesse. Il a l’épaule douce et solide. On appelle ça la maturité, il me semble.
Le MTA est dégourdi.
Vous savez quand le printemps arrive et que la saison des barbecues entre potes est déclarée ouverte, alors que tout le monde s’active à dresser la table, couper les tomates ou préparer les brochettes, il y en a toujours un, planté au beau milieu du passage, les bras ballants, la volonté d’aider fuyante … Et si vous lui pressez le nez, du lait maternel en jaillira. Pitié, ne soyez jamais celui-là ! Ne soyez jamais cet empoté mal dégrossi !
A l’inverse du boulet, le MTA est autonome, sait se rendre utile, prendre les situations en main. Il est tout à fait apte à vivre seul dans un intérieur correct sans courir midi et soir se sustenter chez sa mère.
A 3 heures du matin, au retour, main dans la main, d’une soûlerie inopinée, le MTA saura se lancer avec aisance dans la confection d’une bonne plâtrée de bolognaise par exemple. Un homme au fourneau, c’est foutrement sexy et nous donne des envies furieuses de vous culbuter sur la table de la cuisine, sachez-le.
Le MTA assume la part de féminité qui sommeille en lui.
Non pas en enfilant nos culottes en dentelle les nuits de pleine lune – je tiens à bien préciser que je ne suis pas du tout sensible à ce genre de visuel – ni en acquiesçant docilement, sans répartie aucune à tout ce que l’on peut dire mais en ayant suffisamment confiance en sa virilité pour ne pas s’obliger à des récalcitrances primaires. Il peut feuilleter un magazine féminin sans se sentir atteint au plus profond de ses couilles, il peut nous accompagner voir le dernier Woody Allen sans avoir l’impression de salement rogner son capital testostérone, il sait écouter avec un intérêt non feint quelques unes de nos conversations entre copines sans invariablement tirer une tronche de basset-hound martyrisé.
@LilasGoldo
Quand le féminisme chavire dans les eaux radicales.
Ce billet n’a pas été écrit sous une quelconque contrainte et son contenu n’engage que moi, Lilas Goldo, chromosomes XX
(et ta mère et tes sœurs aussi un peu)
A chacune ou presque de mes publications, je dois essuyer une volée de remarques sous forme de commentaires, de mails, de tweets ou de messages persos, plus ou moins cinglants, plus ou moins violents en provenance d’un mouvement qui a salement tendance à vouloir se propager : le féminisme radical ou les éoliennes enragées.
Le flot de leur rancœur est si dense et obtus que j’ai dû vite me résoudre à abandonner l’idée de répondre personnellement à chacune (chacun parfois) sous peine d’y perdre toute mon énergie, mon temps et ma foi en l’humanité. Et je laisse donc courir.
Cependant, la récurrence, pour ne pas dire l’acharnement, de ces « agressions » martèle inconsciemment mon être et lorsque je me retrouve devant mon ordi, prête à rédiger un billet, je ne peux m’empêcher d’appréhender leurs réactions à venir, je suis frustrée de ne pouvoir y répondre concrètement et je m’en veux de subir sans rien dire ce harcèlement psychologique.
Qui ne dit mot consent.
Plutôt crever.
Ce papier est pour toi, féministe extrémiste, féministe qui s’est clairement égarée en cours de route, féministe mue par la colère qui n’œuvre non pas pour le respect, la dignité et le droit des femmes mais juste contre la bite.
Je refuse de me plier à ce féminisme qui veut m’ordonner comment penser, m’épiler, baiser ou aimer.
Crois-tu vraiment que je me casse le cul à m’affranchir des diktats patriarcaux pour venir ensuite lamentablement me jeter dans la gueule, toute aussi béante et tranchante, de ton féminisme despotique ? Féminisme qui me réduit continuellement en victime, en petite chose fragile fatalement manipulée par le Grand Méchant Loup et qui refuse de voir en moi autre chose qu’un utérus sur pattes, un être humain à part entière. Féminisme qui tente de ligaturer ma liberté d’expression en brandissant des pseudo-arguments de culpabilisation. Féminisme qui me ridiculise en prétendant parler au nom de toutes les femmes et dont le discours se résume à un rageur « Je veux être calife à la place du calife ! » discours aussi constructif et perspicace qu’un beau caca nerveux sur le tapis du salon. Féminisme qui m’aboie dessus à longueur de vie : « OSEZ LE CLITO ! » « STOP A L’ÉPILATION ! » « TRIPOTEZ-VOUS ! »
Non, désolée mais je ne souhaite pas m’enrôler dans ton armée de petits soldats à ovaires, j’ai d’autres ambitions que celle de devenir ta chair à canon. Encore désolée mais j’ai la prétention de croire que je suis autre chose qu’un agneau à gros seins. Vraiment désolée mais mon vagin ne fait pas de moi, une pâte à modeler dévouée à tes capricieuses convenances.
Je ne dis pas que le sexisme, les atteintes faites aux femmes n’existent pas, juste que tes armes pour tenter d’y remédier sont si grossièrement affûtées qu’elles finissent par se retourner contre toi et la cause même que tu prétends défendre.
Bien sûr que les abus de la toute puissance masculine existent même que tu en es, féministe toute pleine de fureur, sa preuve irréfutable, sa plaie sanguinolente qu’on ne saurait pas voir. Au risque de fâcher, je vais dire sans détour ce qui me semble entraver une lutte intelligente : bon nombre d’entre vous souffrent visiblement d’une expérience douloureuse, d’un traumatisme, sont ou ont été victimes, d’une façon ou d’une autre, de cette domination patriarcale et réclament une vengeance avant même une réelle égalité des sexes. Ta seule motivation tangible reste la haine. Mais bordel de merde, on ne construit rien de solide avec la haine, la haine est un ciment friable. La haine t’aveugle, te faisant tomber dans un pathétique mimétisme, te faisant prendre ces armes que sont la force et la violence, les tentatives d’intimidation, ces armes qui ne sont rien d’autres que celles utilisées par ceux-là même que tu accuses. Inconsciente, tu détruis à coups de mots lapidaires, rageurs et bornés des années de lutte pertinente, à coups de pioche, tu creuses chaque jour un peu plus, le fossé de la discorde. En instaurant le non-dialogue et ta pensée unique, tu distilles frustration et colère ou les mamelles nourricières de la guerre, tu ne fais qu’attiser les braises déjà brûlantes du sexisme et les femmes en deviennent ton principal dommage collatéral.
La haine n’est qu’un gage de faiblesse. Trop d’affect nuit aux facultés de discernement, il faut cesser de penser avec ses tripes, le féminisme ne doit pas être une psychothérapie personnelle s’il veut être efficace. Le féminisme ne doit pas être impulsif mais réfléchi. Guéris tes blessures avant de vouloir en faire une cause nationale.
Je veux croire en une complémentarité équitable des sexes et non pas en une dualité puérile, en un rapport de force vain et usant.
Je veux me battre pour une parité homme/femme non pas pour imposer un pouvoir matriarcal.
Je n’ai pas honte de dire que j’ai besoin des hommes. Tout comme eux ont besoin de moi. Voilà pourquoi je refuse ce féminisme qui veut en faire des ennemis. C’est pas d’une guerre qu’on a besoin mais d’un règlement intérieur qui définisse la place de chacun pour une cohabitation juste et équitable.
Tu dois maintenant admettre une chose, une base ; les femmes n’auront jamais de bite, tout comme les hommes n’enfanteront jamais et l’un ne peut aller sans l’autre. C’est comme ça depuis la nuit des temps, tes sanglots longs n’y pourront rien changer.
Et pour ceux qui s’interrogent encore sur la nature du phénomène que j’incrimine, un article qui illustre à merveille les dérives effrayantes de ce féminisme vicié : « Le vagin n’est pas un organe sexuel. (Pas plus que l’anus ou la bouche). »
@LilasGoldo